Le Crocis et l’Ordre des experts-comptables de la Région Paris Ile-de-France ont publié différentes études sur l’activité des TPE-PME et le chômage en Île-de-France pour les 3ème et 4ème trimestre 2021. Marqué par l’allègement des mesures restrictives et les conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19, les entreprises artisanales tentent de tenir le cap et anticipent des tensions à recruter.
L’artisanat en Île-de-France : de quoi parle-t-on ?
Néologisme allemand forgé par des représentants de la chambre de métiers d’Alsace souhaitant traduire le mot « Handwerk », le terme d’« artisanat » n’a été prononcé pour la première fois qu’en 1921. S’il est incontestable que la France possédait avant cette date des artisans sur son territoire, elle n’avait cependant pas d’institution artisanale constituée.
Le métier constitue un groupe de culture qui se transmet de génération en génération par apprentissage et s’inscrit dans les corps, quand l’identité artisanale, qui n’a pas d’ancrage culturel, rassemble un groupe d’intérêt qui s’unit dans un contexte particulier : des professionnels qualifiés, maîtrisant l’ensemble du procès de fabrication ou du service, et travaillant au sein de petites unités.
L’Artisanat francilien joue un rôle majeur en Île-de-France avec ses 238.631 entreprises [Chiffres clés dans l’Artisanat en Île-de-France – Edition 2020] réparties en quatre « grandes familles » :
- Alimentation,
- Bâtiment,
- Fabrication,
- Services

Depuis 2020, la crise sanitaire a très largement impacté ce paysage artisanal francilien : entre activités en forte hausse (ongleries, salons de tatouage et piercing) et celles en forte baisse (reprographie, artisans de l’ameublement, pressings …), les artisans des métiers de service et de fabrication tiennent la barre [Voir Article CNAMS-IDF : Le commerce et l’artisanat d’Île-de-France en sortie de crise].
Parmi les secteurs d’activité qui ont connu une tendance inverse : bijouteries, joailleries et horlogeries (- 9 %), ameublement (- 12 %), serrurerie et articles de sécurité (- 9 %), boutiques de photocopie reprographie (- 19 %), écoles de conduite (- 11 %), pressings (- 12 %), retoucheries (- 9 %) et cordonneries (- 9 %), fleuristes (- 7 %).
Un redémarrage de l’activité toujours contrasté d’un secteur à l’autre
A la fin de l’année 2021, l’activité de l’Ile-de-France restait marquée par les conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19.
Avant même le déclenchement de la guerre en Ukraine, le commerce international était désorganisé, les pénuries (semi-conducteurs, acier, etc.) perturbaient les chaînes de production et les prix des matières premières étaient déjà orientés à la hausse.
Dans ce contexte, le nombre de défaillances d’entreprises recensées en Ile-de-France est malgré tout resté contenu grâce aux dispositifs d’aide aux entreprises.
Au plan sectoriel, le tourisme et les activités qui en dépendent peine toujours à se redresser : le trafic passagers à Roissy et Orly n’a représenté, en septembre dernier, que 50,1 % de celui de septembre 2019.
A l’exception de l’hébergement-restauration, les grands secteurs analysés par le Baromètre de l’activité des TPE-PME franciliennes au 3e trimestre 2021 ont évolué de manière favorable en Ile-de-France au cours des neuf premiers mois de 2021.
En ce début d’année 2022, malgré la vague épidémique liée au variant omicron, l’économie francilienne reste sur de bonnes bases : des hausses d’activité ont ainsi été enregistrées jusqu’en février, tant dans les services que dans la construction ou encore dans l’industrie, à l’exception notable de la fabrication de matériels de transports.
![Evolution CA [Etude U2P - Xerfi]](https://www.cnams-idf.fr/wp-content/uploads/2022/04/XERFI.jpg)

Néanmoins, les difficultés de recrutement et d’approvisionnement perduraient en janvier et en février dans de nombreux secteurs ; surtout, les conséquences macroéconomiques de la guerre en Ukraine renforcent encore les pénuries et augmentent les tensions sur les cours des matières premières et sur les prix à la consommation.
Ainsi, l’inflation est au plus haut depuis des années : en France, elle s’est fixée, selon la première estimation de l’Insee, à + 4,5 % en mars.
La crainte de tensions de recrutement
La dernière enquête de Pôle emploi sur les « Besoins en Main-d’œuvre (BMO) » des entreprises montre qu’après deux années marquées par une crise sanitaire inédite, la reprise économique amorcée fin 2021 pourrait se prolonger en 2022.
Dans son communiqué de presse, Pôle Emploi précise que 57,9% des entreprises déclarent anticiper des difficultés de recrutement. Une hausse inédite de 13 points par rapport à 2021 et toutes les entreprises, quelle que soit leur taille sont concernées.
En Île-de-France, de nombreux métiers connaissent une évolution positive de leurs besoins en recrutement.
Il s’agit de métiers des agents d’entretien de locaux, Conducteurs de véhicules légers, Coiffeurs, esthéticiens, Electriciens du bâtiment, Ouvriers non qualifiés métallerie, serrurerie, montage, Ouvriers de l’assainissement et du traitement des déchets, Mécaniciens et électroniciens de véhicules, Ouvriers qualifiés de la maintenance en mécanique, Ouvriers qualifiés de l’électricité et de l’électronique …
Néanmoins, l’insuffisance du nombre de candidats inquiète les recruteurs. Cela concerne notamment les métiers de la fabrication, de la réparation, mais aussi les salons de coiffure et d’esthétique.
Sources :
- Baromètre de l’activité des TPE-PME franciliennes au 3e trimestre 2021
- Tableau de bord économique
- Enquête Pôle Emploi Besoins de Main-d’œuvre : Les employeurs anticipent de fortes difficultés de recrutement en 2022
- Enquête Besoins en Main-d’œuvre 2022 – Synthèse de l’étude nationale
- Enquête Besoins en Main-d’œuvre 2022 – Région : Île-de-France
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