Le 16 août 2025, la Confédération Nationale de l’Artisanat des Métiers et des Services (CNAMS) a célébré son 80ᵉ anniversaire. Fondée en 1945 sous le nom de Confédération Française de l’Artisanat, cette institution a traversé les décennies en s’adaptant aux évolutions économiques, sociales et politiques de la France. Retour sur une histoire riche, marquée par l’engagement, la représentation et la défense des artisans.
Un contexte historique marqué par la reconstruction
Le 16 août 1945, alors que la France sort meurtrie de la Seconde Guerre mondiale, la Confédération Française de l’Artisanat est officiellement créée. L’objectif est clair : rassembler, représenter et défendre les intérêts des artisans, acteurs essentiels de la relance économique et de la reconstruction du pays. À cette époque, l’artisanat incarne un secteur vital, mais dispersé, face à la montée de l’industrialisation et à la nécessité de se structurer pour peser dans les débats nationaux.
Les premiers pas et les fondateurs
Edmond DAUVERGNE, coiffeur, devient le premier président de la CNA et lui succède Roger DALLANT, également coiffeur, qui préside également la Fédération Nationale de la Coiffure (FNC) de 1947 à 1949.
Le 2 octobre 1948, la confédération change de nom pour devenir la Confédération Nationale Artisanale de France et Union Française (CNA), élargissant ainsi son périmètre d’action et affirmant sa vocation nationale.
En 1966, elle devient la Confédération Nationale de l’Artisanat et des Métiers (CNAM), intégrant une diversité croissante de professions, notamment par l’inclusion des départements d’outre-mer, reflétant l’ancrage national et ultramarin de l’organisation.
En 1988, elle change encore de nom pour devenir la Confédération Nationale de l’Artisanat des Métiers de Service et Fabrication – CNAMS, marquant la reconnaissance de l’importance croissante des métiers de services aux côtés des métiers de fabrication traditionnels. Cette transformation reflète une volonté d’unification et de modernisation, dans un pays où l’artisanat reste un pilier de l’économie locale et de l’emploi.
Des présidents emblématiques : des artisans engagés pour leur secteur
La CNAMS a été dirigée par des personnalités issues de l’artisanat, chacune apportant sa vision et son engagement pour faire évoluer la confédération.
Paul VAUCLAIR devient Président de la CNAM de 1966 jusqu’en 1973 et marque époque en unissant tradition et modernité dans l’artisanat. Couturier de renom, il a habillé des personnalités comme le Général de GAULLE. Son audace s’est illustrée en 1972 par la création du premier uniforme féminin de l’École polytechnique, un symbole de l’ouverture de l’institution.
Son engagement professionnel a débuté dès 1954 avec sa présidence de la Fédération nationale des maîtres tailleurs de France, puis de la Fédération internationale, œuvrant pour la modernisation des métiers de l’habillement. Au sein de la Confédération nationale de l’artisanat et des métiers (CNAM), il a contribué à unifier la représentation des artisans après-guerre.
Porté par ses convictions gaullistes, Paul VAUCLAIR a également embrassé une carrière politique. Élu député des Hauts-de-Seine en 1973 sous l’étiquette UDR, il a présidé le groupe parlementaire d’étude des problèmes de l’artisanat, défendant les intérêts des petites entreprises et plaidant pour l’innovation et la transmission des savoir-faire. Son double rôle, professionnel et politique, a fait de lui une figure majeure unissant créativité, syndicalisme et action publique au service de l’artisanat.
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Albert LEON, lapidaire de profession, a su transformer son expertise artisanale en un leadership stratégique pour la CNAMS. Élu président le 13 décembre 1973, il a dirigé la confédération pendant une décennie, marquant de son empreinte l’histoire de l’artisanat français. Son mandat fut caractérisé par une vision ambitieuse, axée sur la défense et la modernisation des métiers.
Figure centrale de l’unification des artisans, il a été le premier président de l’Union Professionnelle Artisanale (UPA). Cette nouvelle entité a permis de fédérer les différentes branches de l’artisanat (bâtiment, alimentation, fabrication, services) sous une bannière commune, renforçant leur poids face aux pouvoirs publics et aux partenaires sociaux.
Le leadership d’Albert LEON a ainsi donné une cohérence et une voix puissante à la représentation des artisans au niveau national. Il a œuvré pour faire reconnaître le rôle essentiel de l’artisanat dans l’économie, tout en luttant pour la pérennité et le développement des savoir-faire traditionnels. Son action a posé les bases d’une organisation plus forte et plus unifiée, capable de relever les défis de son temps.
Pierre SEASSARI, coiffeur et figure emblématique de l’artisanat, a présidé la CNAMS de 1989 à 2000. Dès 1978, il a d’abord présidé la Chambre de métiers de Haute-Corse, puis la Fédération nationale de la coiffure en 1986. À la tête de la CNAMS, il a consolidé le dialogue avec les pouvoirs publics, valorisé l’apprentissage et aidé les jeunes entrepreneurs à s’installer.
En tant que membre du Conseil économique et social et vice-président de l’UPA, il a porté la voix des artisans dans les débats nationaux. En 1995, il est devenu président par intérim de l’Assemblée permanente des chambres de métiers (APCM) et réélu en 1997, renforçant son rôle dans la promotion des métiers et la formation.
Décédé en 2019, Pierre SEASSARI a laissé un héritage durable. Il a toujours défendu la transmission des savoir-faire et la place de l’humain au cœur de l’artisanat, qu’il considérait comme un moteur essentiel d’emploi et de dynamisme économique. Son parcours symbolise une culture du travail et de la passion au service de l’artisanat.


Armand ARIANER, artisan taxi, a marqué la CNAMS par son engagement en faveur des métiers du transport. Président de la confédération à partir du 19 septembre 2000 jusqu’en 2003, il a été le porte-parole d’un secteur en pleine transformation, confronté à la concurrence et aux enjeux de modernisation.
Président de la Fédération Nationale des Artisans du Taxi (FNAT), il a défendu avec fermeté les droits des chauffeurs et a joué un rôle déterminant dans les négociations sur la législation du transport. Son action a été reconnue par de hautes distinctions, dont les titres de Commandeur de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite.
Armand ARIANER s’est également investi en politique en tant que conseiller régional d’Île-de-France de 1998 à 2004, où il a promu des politiques publiques favorables aux artisans et aux petites entreprises. Président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Paris, puis d’Île-de-France, il laisse derrière lui l’image d’un homme de conviction, dont l’héritage perdure dans les avancées obtenues pour les artisans taxi et dans une CNAMS plus unie et influente.
Pierre PEREZ, artisan carrossier basé à Ramonville-Saint-Agne, incarne l’alliance parfaite entre l’expertise terrain et l’engagement syndical.
Président de la CNAMS de 2003 à 2009, il accède à cette responsabilité après une carrière marquée par un engagement constant pour la défense des artisans. Fondateur de la Carrosserie Pérez en 1976, spécialisée dans la réparation automobile (carrosserie, peinture, vitrage), il a toujours placé l’innovation et la qualité au cœur de son entreprise, tout en développant l’enseigne A+ Glass, réseau national de réparation et de remplacement de vitrage automobile.
Son parcours syndical débute dès 1986, année où il s’engage à la Chambre de métiers de Haute-Garonne. Élu président de cette chambre en 1999, il y défend les intérêts des artisans locaux et modernise les services proposés aux entreprises.
Parallèlement, il préside le réseau Axial de 1989 à 2000, renforçant ainsi la structuration et la mutualisation des moyens pour les carrossiers indépendants.


Pierre MARTIN, artisan-coiffeur installé à Tonnerre dans l’Yonne depuis 1973, lui succède en 2009.
Dès 1982, il s’investit dans la défense de sa profession en devenant président de l’Union des coiffeurs de l’Yonne, un mandat qu’il exercera pendant vingt ans, jusqu’en 2002. Son engagement ne s’arrête pas là : il prend ensuite la tête de la Fédération nationale de la coiffure (FNC) à partir de 2002, où il œuvre pour moderniser le secteur, promouvoir la formation continue et renforcer la représentativité des coiffeurs artisans.
Président de la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat de l’Yonne, puis Interdépartementale de Bourgogne, 1996 à 2016, il consolide le réseau régional et les services aux entreprises.
En 2007, il prend également la présidence de l’Union professionnelle artisanale (UPA) pour trois ans, renforçant ainsi la cohésion entre les différentes branches de l’artisanat et portant une voix unie auprès des institutions.
Bernard STALTER, artisan coiffeur et entrepreneur engagé, marque l’histoire de la CNAMS par son mandat court mais intense (2018-2020), durant lequel il a porté avec passion la voix des artisans, notamment sur les enjeux de formation, d’innovation et de transmission des savoir-faire. Son parcours est celui d’un homme profondément ancré dans le terrain : président de la Fédération de coiffure du Bas-Rhin, puis de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec), il a toujours placé l’excellence professionnelle et la défense des métiers au cœur de son action.
Président de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) d’Alsace, puis de CMA France, Bernard Stalter a œuvré sans relâche pour valoriser l’artisanat et faire reconnaître son rôle clé dans l’économie française.
Décédé le 13 avril 2020 à Strasbourg, à l’âge de 63 ans, des suites du Covid-19, sa disparition a profondément ému le monde artisanal. Bernard STALTER était reconnu comme un porte-voix infatigable, un fédérateur et un bâtisseur, dont l’héritage repose sur son dévouement à l’artisanat, sa capacité à rassembler et son combat pour la transmission des savoir-faire.


Après le décès de Bernard Stalter, Alain GRISET a assuré la présidence par intérim de la CNAMS en avril 2020, en pleine crise sanitaire. Ancien chauffeur de taxi, son parcours est marqué par un engagement fort dans l’artisanat.
Dès 1995, il devient président de la Chambre des métiers et de l’artisanat du Nord, puis de la Chambre régionale en 2005. Son engagement se renforce à la tête de l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat (APCMA) de 2000 à 2016, où il a œuvré pour moderniser les services aux entreprises.
En 2016, il prend la présidence de l’Union des entreprises de proximité (U2P) pour défendre les TPE et PME. Son expertise est reconnue au niveau de l’État et il est nommé ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises en juillet 2020. Il a alors mis en place des mesures de soutien pour les artisans et les commerçants, notamment des plans de relance et des aides à la digitalisation. Son parcours illustre un engagement constant pour la défense des métiers artisanaux.
Suite à la nomination d’Alain GRISET comme ministre, Gérard POLO a assuré l’intérim de la présidence de la CNAMS jusqu’aux élections de septembre 2020. Artisan de la filière automobile, il a cumulé de nombreuses responsabilités au sein du secteur.
Réélu en 2015 à la tête de la Fédération Nationale de l’Artisanat Automobile (FNAA) et de la Fédération Nationale de l’Automobile (FNA), il a dirigé cette dernière de 2006 à 2021, œuvrant pour la défense des intérêts des artisans de l’automobile, la digitalisation du secteur et la réforme de la formation professionnelle. Son engagement s’est également manifesté à la Chambre des métiers du Gers, où il a exercé en tant que président.
Après 15 ans de mandat à la FNA, il a passé le relais à Robert BASSOLS. Actuellement, Gérard Polo occupe les postes de Président d’honneur de la FNA.


Laurent MUNEROT, prothésiste dentaire, a été élu président de la CNAMS en septembre 2020, puis réélu lors du 49ᵉ congrès en novembre 2024.
Son parcours est marqué par un engagement constant pour les artisans. Il préside l’Union Nationale Patronale des Prothésistes Dentaires (UNPPD) depuis 2015 et la Fédération Européenne Patronale des Prothésistes Dentaires (FEPPD) depuis 2016, œuvrant pour l’excellence et la coopération internationale. Il a également dirigé la Chambre de métiers de l’Essonne (2010-2021) et celle d’Île-de-France (2013-2020), s’attachant à la formation et l’accompagnement des jeunes artisans.
À la tête de la CNAMS, il se concentre sur l’innovation et la digitalisation, la défense des intérêts des TPE et PME, et la promotion de l’artisanat comme secteur d’avenir.
En 2020, il assure la présidence par intérim de l’U2P (Union des Entreprises de Proximité), remplaçant Alain GRISET nommé ministre.
La CNAMS aujourd’hui : une force représentative majeure
La CNAMS regroupe des fédérations professionnelles de l’artisanat des métiers de service et de la fabrication et des unions régionales, assurant une représentation unifiée et efficace des artisans sur l’ensemble du territoire.
Chiffres clés
- 430 000 entreprises inscrites au Répertoire des Métiers.
- 54 % des entreprises artisanales représentées.
- Une voix influente auprès des pouvoirs publics et des partenaires sociaux.
Un rôle central dans l’artisanat français
La CNAMS joue un rôle clé dans :
- La défense des intérêts des artisans.
- La formation et l’accompagnement des professionnels.
- La promotion de l’artisanat comme secteur dynamique et innovant.
La CNAMS incarne 80 ans de combat, de représentation et de passion pour l’artisanat. De la reconstruction d’après-guerre à l’ère numérique, elle a su évoluer pour rester au cœur de l’économie française. En 2025, elle célèbre non seulement son passé, mais aussi son avenir, porteur d’opportunités pour les artisans de demain.
« L’artisanat est un art de vivre, un savoir-faire, une fierté. La CNAMS continue d’écrire cette belle histoire. »










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